Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
Qu’est-ce que ça fait d’être rongé par la peur ?
« Haaa… Haaa… »
De petites respirations superficielles et répétitives sortant de la bouche.
Ba… Boum ! Ba… Boum !
Un battement de cœur s’accélérant qui tambourinait dans l’esprit.
Un corps tremblant.
Des paumes moites.
Merde…
C’était la merde.
« H-hah. »
Quoi que je fasse, les tremblements ne s’arrêtaient pas.
J’essayais de respirer profondément, mais j’avais du mal, et j’inhalais parfois trop profondément, m’étouffant avec ma salive.
« … Ah. »
C’était pitoyable.
Je le savais.
Mais.
« … Ah. »
Je ne pouvais pas m’arrêter.
Ça me consumait lentement de partout.
En rampant vers les parties les plus profondes de mon esprit.
J’avais réussi à garder mon sang-froid jusqu’à présent. Mais maintenant que j’étais seul… J’avais du mal.
Je ne pouvais pas arrêter les tremblements et la sensation qui s’emparait de chaque partie de mon corps.
‘Que cela s’arrête… Que cela s’arrête…’
À ce moment-là.
La mort ne semblait pas si mal.
Mais.
« Kh… ! »
Je serrai les dents.
« Non. »
Une mort si pathétique…
Pas encore.
Et pas quand je ne savais toujours pas ce qui se passait. Je voulais au moins savoir ça. Qui étais-je ? Et pourquoi étais-je là ?
Mourir dans un tel moment était la dernière chose que je voulais.
Par conséquent.
« Khhh… ! »
Je continuai à serrer les dents et à endurer la peur qui prenait en otage mon esprit.
Riiip !
Mes mains serraient violemment ma chemise tandis que mes jambes gigotaient sur le sol.
Pour une raison quelconque, mon corps évitait par réflexe le vomi sur le sol pendant ma lutte.
L’idée de toucher le vomi me semblait plus répugnante que la peur qui obscurcissait mon esprit.
C’était comme si c’était ancré dans mon corps.
« Laisse juste passer… »
La situation semblait désespérée, mais… je pouvais lentement la ressentir. La sensation s’estompait. Lentement, mais sûrement, je savais que je pouvais reprendre le contrôle de moi-même.
Je devais juste…
« Kh… Endurer. »
Je mordis ma chemise et tirai mes cheveux.
« Khak ! »
C’est alors que j’ai remarqué quelque chose.
« La douleur… »
La douleur semblait atténuer la peur que je ressentais.
« Ukh… !! »
J’en profitai pour mordre mon avant-bras.
La sensation de mes dents s’enfonçant dans ma peau soulagea beaucoup de mes symptômes et, malgré la douleur intense, cela m’aida à retrouver enfin un sentiment de calme.
La douleur.
Une douleur que je pouvais supporter.
« Huu… »
Pour la première fois, je pus prendre une profonde inspiration.
Mes mains tremblaient encore, mais mon esprit était clair.
Je jetai un coup d’œil à mon bras, observant les motifs rouges complexes qui le parcouraient, convergeant au bout de mon doigt avant de descendre finalement vers le sol.
Ploc ploc.
Le rouge tachait le sol.
Ignorant cela, je continuai à respirer profondément et régulièrement. Lentement, je reprenais le contrôle de mon corps.
Assez pour pouvoir me lever.
Je ne savais pas combien de temps s’était écoulé avant de pouvoir enfin redevenir moi-même.
Mais cela n’avait pas d’importance.
Tout ce que je voulais à ce moment-là, c’était comprendre ma situation.
« Où suis-je ? »
En faisant le tour de la pièce, je passai mon doigt sur un bureau en bois.
Il semblait réel au toucher.
Même si je le savais déjà, je le fis pour en être sûr.
Rien de tout cela ne me semblait réel.
« Un décor de style médiéval, des pouvoirs et des visions étranges, un homme aux yeux gris… »
Les pièces ont commencé à se mettre dans ma tête et une conclusion s’est dessinée dans mon esprit. Une conclusion à laquelle j’avais du mal à me faire.
J’étais dans le jeu, n’est-ce pas ?
‘L’avènement des trois calamités.’
Je n’en savais pas grand-chose, car je n’y avais jamais joué, mais d’après ce que m’avait dit mon frère, c’était un jeu très populaire.
« Pourquoi ? »
Pour quelle raison étais-je là ?
Et.
Je me tournai vers la fenêtre la plus proche. Il faisait sombre dehors, donc il était difficile de voir à l’extérieur, mais mon attention était ailleurs.
Vers mon reflet.
Avec ses yeux noisette profonds, ses cheveux noirs et sa mâchoire ciselée, il semblait incarner la perfection uniquement par son apparence. J’ai levé les mains pour toucher mon visage.
« C’est moi… ? »
J’avais du mal à y croire, mais en me pinçant la joue, la réalité semblait indéniable.
« C’est fou… C’est fou. »
Même si cela semblait être ma réalité, j’avais encore du mal à y croire.
Crac…
Ma tête fit un mouvement.
« … »
« … »
Une silhouette familière se tenait près de la porte. Il était immobile, me fixant de ses yeux gris et froids.
« Tu ne te sens pas très bien ? »
Son ton semblait calme, mais je ne ressentais que des frissons.
Tap—
Le plancher de bois craqua sous ses pas.
Une étrange tension régnait dans la pièce alors qu’il s’avançait.
Ses yeux s’arrêtèrent brièvement sur le vomi sur le sol, puis se posèrent à nouveau sur moi.
Tap—
Il fit un autre pas.
Se rapprochant peu à peu de l’endroit où je me trouvais.
Chaque mouvement et chaque action de sa part me semblaient suffocants. Comme s’il me traînait de plus en plus profondément dans l’eau.
J’ai pensé à m’enfuir, mais j’ai réalisé que c’était inutile.
Il n’y avait aucun moyen de fuir cet homme.
Et…
je n’avais pas envie de fuir.
Tap—
Il se tenait devant moi.
Ses yeux étaient intenses. Ils me rappelaient étrangement ceux qu’il avait dans la vision. Quand son épée m’a transpercé.
Qu’est-ce qu’il a…?
TIR—!
Mon cou était froid.
Tout s’était passé si vite que je n’avais pas eu le temps de réagir.
Sa bouche s’était légèrement entrouverte,
« Toi, qui es-tu ? »
« … »
Mon cou piquait alors que la lame s’enfonçait légèrement dans ma peau.
Une traînée humide descendait le long de mon cou.
« Tu n’es pas lui. Qui es-tu ? »
Il semblait sûr de lui. Comme s’il était certain que je n’étais pas la personne à qui appartenait ce corps.
Et il avait raison.
Je ne l’étais pas.
Étrangement, en fixant la pointe acérée de l’épée qui était pointée sur moi, je ne ressentais rien.
Regardez-moi ça !
Après toute cette peur, quand est venu le moment où je devais ressentir de la peur, je n’en ai pas ressenti.
Elle semblait pâle en comparaison de ce que j’avais vécu dans la salle d’examen.
J’ai légèrement penché la tête.
« Qu’est-ce qui te fait penser ça ? »
Ma voix était beaucoup plus calme que je ne le pensais dans une telle situation.
Ses lèvres se sont retroussées.
« Il n’aurait pas réagi comme tu l’as fait s’il avait été dans une situation similaire. »
Vraiment ?
« Comment aurait-il réagi ? »
« En me maudissant. »
Je repensai à la vision.
Il ne m’avait pas semblé être ce genre de type.
J’essayai quand même.
« Enlève tes putains de mains de moi. »
« Non, pas tout à fait. Il manque encore quelque chose. »
« Comme quoi ? »
« Essaie : « Enlève tes putains de mains de moi, sale bâtard ». C’est comme ça qu’il répondrait. »
« Je vois. »
Assez instructif.
Je saisis la lame qui était attachée à mon cou et essayai de la retirer. En serrant les dents, je crachai :
« Enlève tes putains de mains de moi, sale bâtard ! »
« C’est mieux. »
Malheureusement, la lame ne bougea pas.
La différence de force entre nous était-elle si grande ?
« Ne t’en fais pas. Je suis un chevalier. Notre différence de force n’est pas quelque chose que tu peux combler avec ton corps. »
« Je vois. »
Je lâchai prise et fixai ma main.
Elle saignait.
Pourtant, cela m’aida à me calmer encore plus.
Mon cœur ne battait plus aussi vite qu’avant et mon esprit était beaucoup plus clair.
« … »
« … »
Nous nous tenions face à face, aucun de nous ne parlant.
Il fut le premier à rompre le silence.
« J’ai entendu une rumeur intéressante. »
Je restai immobile et écoutai ses paroles.
Je ne pouvais rien faire pour le moment.
Je ne savais rien des pouvoirs que j’avais montrés auparavant, ni comment les utiliser. J’avais essayé tout ce temps.
À cet instant.
J’étais juste un humain normal.
« Un candidat extraordinaire s’est présenté. D’après les rumeurs, il a stupéfié tous les juges par sa performance. À tel point qu’ils ont dû suspendre le processus de sélection. »
Il me regarda d’un air significatif.
« C’était toi, n’est-ce pas ? »
Ah.
Je finis par comprendre.
La raison pour laquelle j’étais encore en vie jusqu’à présent et pourquoi il ne m’avait pas encore tué.
Il était…
Je jetai un coup d’œil à sa main. Celle qui tenait l’épée….
Méfiant à mon égard.
« Je me demande. »
Je restai bref, esquissant lentement un sourire narquois.
« Et que ferais-tu de cette information ? »
La poignée de son épée se resserra et la lame s’enfonça plus profondément dans mon cou.
Je réprimai la douleur et me forçai à ne pas réagir.
« Je déteste dire ça, mais ça… »
Je tapotai légèrement la lame sur mon cou.
« … Ça ne me fait pas peur. »
La peur était le cadet de mes soucis.
« … »
Ses yeux devinrent plus intenses.
‘Ah, juste là.’
Il hésitait.
Je levai ma main droite.
Elle était tachée de rouge alors que le sang coulait sur mon avant-bras. C’était tout un spectacle. C’est aussi pourquoi j’avais choisi cette main.
« Je l’ai juste touché. »
« … »
« Je ne m’attendais pas à ce qu’il réagisse de cette façon. »
C’est vrai.
Je ne m’y attendais vraiment pas.
« Je me demande. »
Je regardai l’homme en face de moi et ramenai ma main.
« … Comment réagirais-tu si j’essayais ça sur toi ? »
***
L’homme qui se tenait devant lui n’était pas le jeune maître qu’il connaissait. Son comportement, ses actions, et surtout…
Son calme.
Leon en était sûr….
Ce n’était pas Julien D. Evenus.
Ayant passé suffisamment de temps avec lui, il en était certain. Il avait remarqué le changement avant l’examen.
Il semblait étrangement silencieux.
Quelque chose d’inhabituel compte tenu de son comportement habituel.
‘Il est probablement nerveux…’
Leon n’y prêta pas attention, se disant qu’il avait probablement été nerveux avant son examen.
Mais.
« Pourquoi l’examen est-il suspendu ? »
« Je ne sais pas trop, mais j’ai vu quelqu’un sortir de la salle d’examen sur une civière. Apparemment, c’était l’un des candidats. »
« Ah ? Il y a quelqu’un comme ça… ? »
« Ouais, je l’ai aperçu aussi. Il était vraiment beau. Cheveux noirs, yeux noisette… »
Les rumeurs soudaines lui interdisaient de ne plus y penser.
Il n’hésita pas à le chercher.
Et…
« C’était toi, n’est-ce pas ? »
Sentant le tranchant de sa lame appuyer sur le cou de Julien, il serra son étreinte sur l’épée.
‘Il n’y a pas moyen que ce soit la même personne.’
Il en était maintenant sûr.
Il n’était pas le jeune maître qu’il connaissait.
Ce qui le rendait particulièrement méfiant, c’était son absence de réaction. Face à la perspective que son épée lui tranche la gorge, il semblait imperturbable.
Les yeux noisette qui lui semblaient si familiers semblaient soudain différents.
Comme s’il regardait la coquille froide du jeune maître qu’il connaissait.
« Je me demande. »
Ses lèvres se retroussèrent en un sourire narquois. Comme s’il se moquait de lui, presque.
« Et que ferais-tu de cette information ? »
Leon serra davantage son emprise sur l’épée et enfonça l’épée plus profondément dans le cou de Julien.
C’était une menace.
‘Aucune réaction… ?’
Une qui ne semblait pas efficace.
Il se tenait simplement là.
Et pourtant…
Pourtant…
Il se sentait si intimidant.
Pourquoi était-ce le cas ?
« Je déteste dire ça, mais ça… »
D’un léger mouvement, il tapota la pointe de sa lame.
« … Ça ne me fait pas peur. »
« … »
Leon resta silencieux, les muscles de son corps se tendant.
Puis…
Ploc ploc. Ploc ploc.
Julien leva sa main ensanglantée.
« Je l’ai juste touché. »
Il s’exprima d’une voix basse.
Ses mots semblaient décrire la situation. Probablement ce qui s’était passé dans la salle d’examen.
Mais.
« Je ne m’attendais pas à ce qu’il réagisse comme ça. »
À Leon.
Ses mots.
« Je me demande. »
Cela ressemblait plus à…
« … Comment réagirais-tu si j’essayais ça sur toi ? »
Un avertissement.